Femmes de St-Octave

Les Femmes de St-Octave-De-l’Avenir (Dernière partie)

Éducatrices

A part quelques rares exceptions, ce sont des femmes qui ont assuré l’enseignement dans toutes les écoles et pour tous les enfants de St-Octave. Ce rôle à lui seul est fondamental pour la communauté. Et elles en étaient fières comme elles étaient fières de leurs élèves.

Encore aujourd’hui, lorsqu’on rencontre les institutrices de l’époque, on a l’impression qu’elles veillent toujours à ce que nous ne perdions pas ce qu’elles nous ont enseigné et surtout cette fierté que naguère elles s’efforçaient de nous inculquer.

Couvent 1952

Quand je repense à St-Octave, je revois souvent les visages des femmes. Leur présence était rassurante. Lorsque nous étions enfants, chaque femme qui jetait sur nous, un regard bienveillant ou sévère, était aussi une mère. Et on y voyait de l’amour. Comme si la nôtre était la représentante désignée d’une seule mère, commune à tous les enfants et veillant sur la communauté.

Ce même phénomène s’est produit avec les hommes quand nous avons grandi. Nos pères, liés par une fraternité au-dessus de leurs différences, partagent une paternité commune qu’ils manifestent avec pudeur, lors de nos rencontres d’anciens où les différences d’âge et les codes du passé sont disparus désormais.

Au-delà de leur action comme membres de la communauté, les femmes avaient un rôle plus profond et plus fondamental. Elles étaient l’élément féminin qui donne un sens à tout le reste. Elles ont parfois connu des conditions de vie misérables, alors qu’elles auraient pu, en d’autres lieux, jouir d’une vie plus confortable et peut-être plus sereine. Mais elles le faisaient pour un projet. Et elles n’ont pas failli à la tâche.

Nous devons rendre hommage aux femmes de St-Octave, pour l’oeuvre magnifique qu’elles ont accomplie. Elles ont été à la fois visionnaires et gardiennes d’un trésor patiemment constitué, inscrit au fond de nous-mêmes, pour que le temps venu, nous puissions le transmettre.


Les Soeurs de Saint-Paul de Chartres

L’arrivée des Soeurs de Saint-Paul de Chartres et l’ouverture du Couvent sont des faits marquants dans l’histoire de St-Octave. Ils montrent bien l’importance qu’accordait la communauté à l’éducation et à l’instruction de ses enfants.

St-Paul-de-Chartres

Mais il faut aussi se rappeler que les Soeurs de Saint-Paul, au moment de leur arrivée en Gaspésie, sont déjà établies un peu partout dans le monde. Lorsqu’on lit leur histoire, on comprend que leur apport dépasse de beaucoup l’enseignement et les soins aux malades.

En plus de leur savoir-faire, elles représentent pour la Gaspésie de l’époque, une ouverture sur le monde, un souffle nouveau, une richesse humaine et culturelle importante.

Les populations, ici comme ailleurs, avaient besoin de cet apport pour leur développement et parfois même pour leur survie. Mais le besoin était des deux côtés. De tout temps des hommes et des femmes ont fait le choix de mettre leur vie au service des autres. Ce n’est pas par hasard que leur oeuvre chez nous a suscité de nombreuses vocations.

Il faut peut-être, encore une fois, réfléchir à certains faits : en quelques années seulement, cette communauté, avec la population locale, a créé sa maison mère à Ste-Anne-des-Monts, un hôpital et des institutions d’enseignement qui ont été les pierres d’assise de nos institutions d’aujourd’hui.

En les poussant un peu trop vite vers la sortie, avec désinvolture et parfois avec arrogance, nous nous sommes privés de leur expérience et de leur savoir faire. Nous avons souvent rejeté avec légèreté des femmes qui avaient créé et géré avec succès dans le monde, des institutions de soins et d’éducation, pour les remplacer par des technocrates qui n’avaient jamais quitté leurs bureaux. Mais c’est une autre histoire…


Quoi qu’il en soit, ces femmes de courage et de générosité ont accompagné nos communautés dans leur parcours souvent difficile. Et c’est en grande partie, grâce à elles que nous avons pu accéder à la modernité, même si cela n’a pas toujours eu les résultats escomptés…

Daniel DeShaime
Cap-Chat – Juillet 2016


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