St-Octave-de-l’Avenir 1932-1971… – Extrait 1

Extrait du livre St-Octave-de-l’Avenir 1932-1971 – Chapitre « De l’Avenir… » première partie

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De même que la Constitution ne nous donne pas des droits, mais ne peut que nous garantir certains droits parmi ceux que nous avons de fait à la naissance, la politique ne fait jamais un pays. C’est le peuple qui fait le pays. Au mieux, les actes politiques ne servent qu’à valider ce qui a été fait.

Tous nos grands penseurs, sociologues, gestionnaires, planificateurs et politiciens devront un jour ou l’autre, laisser un peu de côté l’histoire anecdotique que constituent les événements politiques et sociaux en surface et se pencher sur la vie des gens, en apparence « sans histoire », sur leurs aspirations et leurs actions, qui seules, mènent à l’accomplissement d’un rêve commun.

Se pourrait-il qu’il y ait des raisons plus profondes à notre incapacité de réaliser des projets politiques pourtant légitimes ou exaltants ? Se pourrait-il que pendant qu’on faisait des discours, des stratégies ou de la propagande, on ne se soit pas rendu compte que le peuple était en train de réaliser ce dont on croyait avoir à le convaincre ? Se pourrait-il que nos élus, trop détachés du peuple, n’aient pas compris que celui-ci avait répondu Oui depuis bien longtemps ?

Mais lorsque le peuple répond Oui, c’est pour lui-même. C’est pour ce qu’il fait de ses mains et avec le coeur. Jamais pour le rêve de quelqu’un d’autre. Jamais pour regarder les autres, faire ou …défaire. Il faudra beaucoup de temps pour comprendre le sens de « ce qui allait commencer là-bas ». Mais une chose est sûre, l’expérience initiatique de St-Octave est comme une graine plantée dans la terre et dans les coeurs. Elle ne mourra pas. Elle nous est nécessaire aujourd’hui. Et j’ajouterais que le temps presse.

Qu’est-ce qui fait que St-Octave est toujours vivant ? D’où vient cet attachement si profond et si indéfectible de ceux qui y ont vécu ? Quel est ce lien qui les unit, qui fait qu’ils se parlent comme s’ils avaient tous le même âge et qu’ils donnent l’impression de partager un secret précieux ? Lorsque des humains vivent ensemble une expérience hors du commun, quelque chose se produit qui dépasse la simple survie, la simple réalisation d’un projet. Sous la trame des événements et des mouvements sociaux et politiques que nous voyons comme l’histoire d’une nation, il y a une couche plus profonde, une part de mystère qui agit et qui échappe aux analyses les plus savantes. On aurait tort de négliger ce fait et surtout de réduire la vie des communautés à une simple recherche de bien-être matériel et de prospérité.

Cette phrase à elle seule, dans sa simplicité, exprime quelque chose de bien plus profond que les liens qui se tissent habituellement entre les membres d’une communauté, si soudée soit-elle.

Elle ne dit pas que nous étions tous amis, parents, ou que nous nous aimions tous. Elle évoque un état nouveau, une rencontre au dessus de tous les liens de famille ou d’amitié. Mais cette « rencontre» qui a transformé les gens de St-Octave, qui leur a permis de se dépasser et d’être heureux, comment y parvient-on ? Quelles sont les bases, les gestes, les conditions qui permettent qu’elle se produise ? C’est là toute la question.

On pourrait croire qu’il y a deux St-Octave. Celui du passé où une communauté s’est constituée et a créé une paroisse. Et celui de l’avenir. Et s’il n’y en avait qu’un finalement. Si le projet de départ contenait déjà l’éventualité de grands bouleversements, comme la fermeture du village et l’exode de sa communauté…

Il y avait conscience d’un projet plus grand. A travers une suite d’événements en apparence ordinaires, certains percevaient déjà la naissance d’un rôle ou d’un destin plus important. Cela se reflétait parfois dans l’éducation donnée où les mots fierté et respect revenaient souvent. Il est évident que les bâtisseurs de St-Octave croyaient en un avenir qui dépasserait les frontières et le cadre de leur communauté. On peut se demander s’ils ne faisaient pas les choses en prévoyant déjà qu’on allait étudier un jour leur histoire.

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A suivre dans quelques jours…

Daniel DeShaime
Cap-Chat – Mars 2016